Critique de Zoo pièce vue le 11 octobre par des élèves de terminale

Par Edgar Salle élève de terminale

Critique de la pièce de théâtre Zoo ou l’assassin philanthrope, d’après le roman les animaux dénaturés de Vercors, conçue et mise en scène par Emmanuel Demarcy-Mota, qui se joue actuellement au théâtre de la ville à l’espace Cardin. 

  Vous êtes-vous déjà demandé qu’est ce qui définit un humain ? Comment pouvez-vous affirmer qu’un animal en face de vous n’est pas un être humain ? Si vous trouvez la question simple, Zoo va vous montrer qu’il n’en est rien et remettre en question les définitions et caractéristiques que vous auriez attribuées à l’Homme. 

Après la découverte de nouveaux spécimens de primate, une équipe d’anthropologues va se poser la question de la qualification de cette espèce qui a de nombreuses caractéristiques similaires aux humains. Le problème est que ces primates peuvent se reproduire aussi bien avec des grands singes qu’avec des humains. Un journaliste, Douglas Templemore va tenter une expérience susceptible selon lui d’apporter une réponse définitive à ce dilemme. Il fait inséminer une femelle, tue sa progéniture, se constitue prisonnier et attend le jugement de son acte. S’il obtient une condamnation pour infanticide : l’espèce est humaine, sinon il aura fait mourir un animal et n’aura aucune condamnation. La question de la qualification des espèces va alors se poser durant tout le procès qui doit décider si cette espèce en particulier est humaine ou non et si Douglas Templemore est un assassin ou non. La question a aussi un enjeu économique et moral, car la réponse permettra également de savoir si exploiter ces primates dans des travaux forcés est de l’esclavage ou pas. 

  Aller voir cette pièce, c’est accepter de remettre en question sa définition de l’humanité, accepter que le concept des espèces a été inventé par l’homme et est davantage complexe qu’il n’y paraît au premier abord. Après une heure trente de réflexion on ressort avec plus de questions que de réponses. Zoo ébranle notre morale, notre vision des animaux, notre rapport avec eux et notre présumée supériorité. Cette pièce nous rappelle d’une certaine façon La Controverse de Valladolid qui discute de l’humanité des amérindiens au milieu du XVIème siècle. 

J’ai pu noter deux points forts principaux de la mise en scène de cette passionnante pièce de Vercors. D’une part le jeu remarquable des acteurs, qui captivent la salle entière durant toute la pièce. La troupe du théâtre de la ville est composée d’acteurs impressionnants qui nous ont montré toute l’ampleur de leur jeu. D’autre part, la mise en scène donne un rôle particulier aux spectateurs, qui se retrouvent immergés dans la pièce, regardés par les acteurs comme autant de jurés du procès. L’apparition de certains acteurs déguisés en costume d’animaux et se comportant comme si rien ne changeait, donne également une autre dimension à la pièce, le spectateur se sent dans une ambiance complètement différente. Néanmoins, le souci de réalisme très fort permet de nous plonger plus encore dans cette ambiance étrange et perturbante, mais implique que certaines scènes puissent heurter la sensibilité de certains, notamment un passage de dissection d’un bébé.

 J’invite tous les passionnés de théâtre, philosophie, zoologie ou même de justice à aller voir cette pièce passionnante !

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