Définition de la mathématique d’après Cédric Villani
Compte-rendu d'une "conférence joyeuse" par Arthur
Heitz et Quentin
Roques
Le
14 mars dernier, le mathématicien Cédric Villani a donné une
«conférence joyeuse » comme tous les ans à cette date. Ce
jour n’est pas son anniversaire mais on commémore bien deux
choses. On célèbre la naissance d’Albert Einstein et le jour de
Pi. On ne date évidemment pas Pi. Mais le 14 mars ou 14/03 fait à
l’envers 3.14 soit le nombre Pi au centième près. Cette année,
il a abordé le thème de la corrélation entre l’art et sa science
mais il a aussi parlé des paradoxes de son art.
La
mathématique: une science pleine de paradoxe:
La
mathématique peut sembler absconse et même rébarbative quand on
voit des intégrales ou des fonctions qui n’en finissent pas. Ces
mêmes modèles mathématiques sont aussi à la portée de tous quand
c’est mis en relation à des faits économiques simples alors qu’on
a pourtant la même idée derrière. Ainsi, deux scientifiques
travaillant dans des domaines totalement différents peuvent
involontairement s’aider en discutant de leurs projets respectifs
car ils pourraient se donner des idées mais après on doit quand
même retourner dans son bureau pour gratter du papier. En effet la
mathématique s’exerce seul, tant que le mathématicien essaye à
son bureau, se trompe et recommence mais elle est aussi le partage
des connaissances acquises, c’est la science universelle, quand on
est un mathématicien on voyage, on participe à des conférences.
Pour écrire un article scientifique, on doit à la fois travailler
seul mais aussi parler avec ses prédécesseurs qui ont travaillé
sur le même sujet ou bien lire leurs articles.
La
mathématique c’est à la fois simple et complexe. Prenons pour
exemple la conjecture de Syracuse: celle-ci est compréhensible par
n’importe qui pourtant même les plus grands mathématiciens du
monde entier n’arrivent pas à démontrer que quel que soit le
nombre de départ on tombera toujours sur la suite fatale
(4,2,1,4,2,1,…). Par cet exemple, on peut aussi dire que la
mathématique est une science démocratique car peut être un jour un
inconnu aura la solution au problème même si elle reste encore très
inégalitaire car seule une élite ne peut comprendre des traités
tel le Théorème du vivant
de Cédric Villani.
La
mathématique c’est aussi précis qu’ouvert. Lorsqu’un
biologiste, un physicien et un mathématicien voit une chèvre noire
en Ecosse, le physicien dit qu’en Écosse les chèvres sont noires,
le biologiste dit qu’il y a des chèvres noires en Écosse. Le
mathématicien lui dit qu’en Écosse on est sûr qu’il y a au
moins une chèvre dont au moins un côté est noir, voici ce que
précis veut dire... Mais la mathématique est aussi une science
ouverte car on peut tout mettre en équation comme on le voit avec
l’informatique qui est une science dérivée de la mathématique
utilisable dans tous les domaines.
L’art
et la mathématique:
Qu’est-ce
que la mathématique en tant qu’art ? Comme l’a dit Sonia
Kovalevskaïa : «Nul ne peut être mathématicien s’il n’a
l’âme d’un poète». Par exemple dans l’équation d’Euler la
beauté réside dans le fait que derrière chaque symbole se cache
une histoire. Chaque chiffre est apporté par différentes cultures
et différentes mais pourtant ils s’assemblent parfaitement pour
former: +1=0.
Les
artistes modernes comme les artistes babyloniens peuvent se servir de
la mathématique. Les mosaïques de Babylone sont formées de figures
répétées dans toute l’œuvre de manière ordonnée et
aléatoirement, c’est ce que l’on appelle les quasi-cristaux. Des
siècles plus tard la mathématique revient dans les œuvres
majestueuses de Gaudi. En déambulant dans les rues de Barcelone, on
rencontrera ses structures improbables, qui tiennent debout grâce à
l’architecture déroutante se servant de modèles mathématiques
précis. Bien plus récemment on peut voir que la fondation Louis
Vuitton est tout à fait incroyable en effet il a fallu des années à
des architectes pour s’assurer à l’aide de logiciels de
géométrie dynamique faits à base d’algorithme mathématique
qu’elle ne puisse pas s’écrouler.
Conclusion:
Finalement,
nous pouvons dire que la mathématique est une science formidable car
elle rapproche les opposés comme la précision et l’ouverture, la
solitude et l’universalité, la simplicité et la complexité, et
enfin l’art et la science.
Après
un court échange à la fin de son intervention, M. Villani a terminé
en nous disant que quand il voyait un ordinateur il voyait tout le
temps que des mathématiciens avaient passé en amont de sa
fabrication. C’est pour cela qu’il prône la validité de
l’ordinateur dans la résolution des conjectures comme dans la
controverse qui a suivi la résolution du théorème dit des «quatre
couleurs». Mais le débat reste ouvert entre les mathématiciens, et
comme tout le monde peut être un mathématicien, qu’en
pensez-vous ?
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