Critique de Phèdre (s) par Arthur HEITZ de 2°7
Cette critique de Phèdre (s) est suivie d'extraits de critiques de différents magazines et journaux choisis par - et d'une synthèse rédigée par - Arthur Heinz, élève de seconde 7
Phèdre (s)
de Wajdi Mouawad / Sarah Kane / J.M. Coetzee
mise en scène Krzysztof Warlikowski, avec Isabelle Huppert
et Agata Buzek, Andrzej Chyra, Alex Descas, Gaël Kamilindi,
Norah Krief, Grégoire Léauté, Rosalba Torres Guerrero.
Phèdre(s)
par Krzysztof
Warlikowski
Au
théâtre de l’Odéon le massacre sur place publique d’Isabelle
Huppert est donné chaque soir quand elle monte sur les planches pour
jouer. Cette artiste reconnue par chacun commence la pièce en
Aphrodite reine du porno puis devient une Phèdre dont les besoins
sexuels ne semblent jamais assouvis alors que le simple fait de
déclarer sa flamme à Hippolyte devrait normalement la délivrer du
piège tendu par le destin.
Je
ne suis pas sûr de m’y connaître en théâtre mais je crois bien
que cet art ne se joue normalement pas sans micro vu qu’il est un
petit peu antérieur à son invention et cela aurait pu nous soulager
les oreilles lors des déclarations d’amour d’Isabelle Huppert.
La
mise en scène s’emmêle bien des fois dans des lenteurs quand les
comédiens font des silences à n’en plus finir ou bien
oublient-ils tout simplement leur texte? Monsieur Warlikowski
était-ce bien nécessaire d’incorporer le fait qu’Hippolyte
doive uriner dans un coin de la scène comme un malotru? On se plaint
des mauvaises finances de l’État et on gaspille l’argent public
en employant une danseuse de ventre dont le rôle semble être de
nous cacher le désastre de la pièce par quelques mouvements
sensuels.
Le
fait de chercher à choquer le spectateur dans une mise en scène
moderne peut redonner de la vitalité au texte comme Richard
III
de Shakespeare donné à l’Odéon cette saison par Thomas Jolly
avec la troupe de La Piccola Familia mais cette mise en scène
cherche juste à dégoûter le spectateur du théâtre moderne comme
une dame croisée à l’entracte qui me disait qu’elle quittait le
théâtre de peur de voir les vers de Racine massacrés ce qui en
effet fut le cas.
Quelques
critiques:
-Marianne:
Isabelle
Huppert sauve "Phèdre(s)" du naufrage
L’enfant
terrible du théâtre polonais, Krzysztof Warlikowski, est de retour
à Paris, dans son antre de l’Odéon. C’est là qu’il met en
scène « Phèdre(s) […] avec Isabelle Huppert dans le rôle titre.
A elle seule, elle sauve le spectacle.
Krzysztof
Warlikowski peut remercier Isabelle Huppert. Par sa seule présence
et son immense talent, elle sauve sa vision de « Phèdre(s) »
du naufrage. Pour ce retour sur le personnage immortalisé par
l’œuvre de Racine, le metteur en scène polonais s’est appuyé
sur trois regards contemporains : Wajdi Mouawad, Sarah Kane, et
J.M. Coetzee.
[…]
A
travers ces trois visions, Warlikowski crée un personnage
inclassable, une femme à trois visages, un puzzle humain reconstitué
à travers Isabelle Huppert. Comme souvent chez ce metteur en
scène, la forme l’emporte sur le fond au point de brouiller le
message et de plonger le spectateur normalement constitué dans une
infinie perplexité. […]
Certes,
le metteur en scène polonais a l’art de la scénographie. […]
Tout cela est taillé au cordeau.
La
pièce commence par une danse sensuelle […] tandis que Norah Krief
interprète un chant arabe. Alors arrive Isabelle Huppert, lunettes
noires, manteaux noirs, dessous noirs, perruque blonde. Elle est
alors Aphrodite, déesse de l’amour, mais surtout « pute de
luxe », comme elle dit.
Elle
est impressionnante comme elle le sera tout au long d’un spectacle
qui, hélas, sombre vite dans un méli mélo où une chatte ne
retrouverait pas ses petits. Le propos est décousu. Le trash impose
sa loi […] au grès des rapports scabreux entre Phèdre et
Hippolyte dont l’ambiguïté humaine est effacée par le goût
immodéré du graveleux.
On
aura droit à [un Hippolyte enfantin et fou vis-à-vis du sexe]. Il
fut un temps où de telles saillies pouvaient effrayer le bourgeois.
Aujourd’hui ces gamineries de potache font sourire de dépit.
André Roussin disait : « L’acteur qui « fait son
effet » le rate ». Le metteur en scène aussi.
Ainsi
finit-on par ne plus rien saisir de ce spectacle sans queue ni tête
(surtout ni tête). Pourtant […] Isabelle Huppert surnage. […]Même
lorsque le texte semble lui échapper, elle se raccroche aux branches
et se remet dans la peau de son personnage comme si de rien n’était,
hypnotisant le spectateur par sa grâce majestueuse.
A
la fin, quand elle interprète Elizabeth Costello, elle lance, telle
une conférencière du Collège de France : « Je vous
remercie de votre attention ». On a alors envie de lui dire
simplement : « Merci, madame ». On n’en dira pas
forcément autant pour tout le monde.
-Le
Figaro
Isabelle Huppert à la torture dans Phèdre(s) à l’Odéon
Krzysztof Warlikowski a choisi de faire un montage de textes de Wajdi Mouawad, Sarah Kane, J.M. Coetzee. Trois heures de spectacle qui confirment l'audace et le talent incontestable de la comédienne. Mais que veut-on nous dire?
Je
n'ai rien compris au film. Autant le dire. Je me sens bien isolée
car étant donné le triomphe public qui a accueilli la première
représentation de Phèdre(s)
à l'Odéon (6ème) on peut supposer que tous les autres ont tout
compris.
Un
film, oui. Un spectacle monté et cadré un peu comme un film. […]
Comment
est-elle, Isabelle Huppert? Prodigieuse. Comment sont les autres
comédiens? Excellents. Agata Buzek, Andrzej Chyra, Alex Descas, Gaël
Kamilindi, Norah Krief. Et la danseuse, Rosalba Torres Guerrero?
Sculpturale, ultra féminine, avec un visage androgyne. Comment est
le décor de Malgorzata Szczçsniak? Magnifique. […]
La
danseuse est là. Et puis aussi une femme, qui pénètre par le fond
du plateau, enfoui dans un manteau, en guêpière en dessous, jugée
sur d'immenses talons. Phèdre? Non. C'est Aphrodite.
Isabelle
Huppert va se changer à vue pour enfiler une petite combinaison
de soie ivoire. Alors là, elle sera Phèdre. Sang et vomissements.
Tout au long du spectacle, les humeurs suintent et les corps sont mis
à l'épreuve. Coïts, fellation, coups, gifles, on s'affronte
violemment sur ce grand plateau.
Mais
avouons-le, à moins de se plonger pendant quelques jours dans des
textes, des explications, des analyses, on est bien incapable de
comprendre ce que veut nous dire Warlikowski. On est tellement
soucieux de comprendre, que l'on a du mal à se laisser aller à
l'émotion -sauf au moment du début, au moment de la chanson.
Il
y a certaines scènes complètement insoutenables, des scènes
perverses, des scènes tordues […] il y a beaucoup de talents
réunis, d'engagement de chacun. Mais trop de micros peut-être, trop
de distance, […] on n'a jamais la chair de poule et on perd le fil
de quelque chose qui est trop ancré dans la démonstration, trop
cérébral dans sa conception.
Et,
paradoxalement, l'excès des corps conduit à une dématérialisation.
A un dessèchement.
A
la fin, l'héroïne de Coetzee, Elizabeth Costello, est interrogée.
[…] «Je
vous remercie de votre attention»,
dit-elle. Ce sont les derniers mots du spectacle. Un trait d'esprit
insolent. Mais on n'a pas beaucoup été ému et on n'a toujours pas
compris le sens de cette entreprise magistralement jouée.
-Le
Monde
Isabelle Huppert, une Phèdre d’aujourd’hui, plurielle et unique
Qui peut, dans la même soirée, impressionner avec Wajdi Mouawad, déchirer avec Sarah Kane, appeler des larmes avec Racine, et faire rire avec J. M. Coetzee ? Isabelle Huppert. Les dieux du théâtre se sont penchés sur son berceau de comédienne, on le sait. Mais là, dans Phèdre(s), qu’elle joue sous la direction de Krzysztof Warlikowski, elle atteint au prodige. […]
Que
l’on ait tout compris de ce qui vient de se jouer,
ce n’est pas certain. Que l’on ait été saisi, ému, bouleversé,
renversé, c’est une évidence. […] Une Phèdre(s)
d’aujourd’hui, que Krzysztof Warlikowski a voulue écrite par des
auteurs contemporains, Wajdi Mouawad, Sarah Kane et J. M.Coetzee.
Auxquels s’ajoute Racine. […]
« Je
brûle » : combien de fois l’entend-on ? C’est
le verbe fait chair de cette Phèdre(s). [...] Puis Isabelle
Huppert apparaît, avec ses lunettes noires et sa perruque blonde :
elle est Aphrodite, déesse de l’amour
peut-être, mais d’abord « pute de luxe, chienne
en chaleur, une salope », comme elle le dit.
Le
ton est donné : ce sera celui du sexe qui crie, du ventre qui
réclame, de la faim inextinguible de l’union des corps. Que
celle-ci soit contre nature […] importe moins que sa nécessité.
[…] L’enfer et la magnificence reposent là. […]
[…]
[Les artistes] existent sur un plateau qui est un Olympe pour
Isabelle Huppert. Elle se métamorphose à la vitesse de la lumière,
elle est phénoménale quand elle joue Sarah Kane. Plurielle et
unique : une femme, et toutes les Phèdre(s) sont là. Elle
restera, et elles resteront pour longtemps dans le souvenir.
-Libération
Phèdre(s), le zèle du désir
A l’Odéon, le metteur en scène Krzysztof Warlikowski agrège plusieurs textes autour de l’héroïne grecque, incarnée par une Isabelle Huppert incandescente et crue. Aperçus des ultimes répétitions.
Qui
est Phèdre aujourd’hui ? Qui était-elle hier ? Est-ce qu’une
seule actrice peut plonger dans ses strates, l’attraper à travers
le temps, […] saisir ses fantômes et images, mais aussi sa crudité
passionnelle ? La ramener jusqu’à nous, archéologue virtuose et
créatrice des trésors qu’elle déterre ? Oui, puisque c’est
ainsi qu’en assistant à deux répétitions du Phèdre(s),
pluriel requis, l’on voit Isabelle Huppert se métamorphoser au
sein d’un même spectacle. […]
Qui
est Phèdre aujourd’hui ? Est-ce tout humain qui porte en lui une
Phèdre en puissance, et pas seulement chaque femme ? Et qui peut
être le jeu d’une puissance occulte, intriquée en lui ou d’ordre
divin, imposant sa vie amoureuse […]?
Ces
questionnements sont la matière même du spectacle de Krzysztof
Warlikowski, un spectacle-monstre sur un monstre. A la toute fin,
Isabelle Huppert, à travers Elizabeth Costello, l’alter ego de
Coetzee, se lève pour dire aussi simplement les alexandrins de
Racine que des mots de tous les jours. Soulagement mystérieux que
procure cette clarté, au bout du voyage, et que ce soit une femme
d’aujourd’hui, sobre, sans perruque ni cachette, qui les dise.
On
a donc vu deux répétitions de ce voyage au pays de Phèdre, deux
soirs de suite, et on n’a pas du tout perçu le même spectacle, à
chaque fois cependant hypnotique. La cartographie avait changé, en
même temps que notre regard. On - les acteurs, le metteur en scène,
les lumières - n’y allait pas par les mêmes routes, ne traversait
pas les mêmes champs… Soudainement, on s’apercevait qu’on
n’avait rien entendu la veille aux mots de Wajdi Mouawad, du fait
même qu’on les entendait la deuxième fois pour la première fois.
Aphrodite en rock star tenant un micro ? Abandonnée, et c’est tant
mieux, car aussi étrange soit-elle, cette Aphrodite déjantée nous
engageait sur une piste qui nous détournait du sens. Norah Krief,
qui chante Oum Kalsoum et joue Oenone, la confidente révélatrice de
Phèdre ? Gardée et subjugante de calme et de présence. Hippolyte,
deux fois, par Gaël Kamilindi, en très jeune homme, et Andrzej
Chyra, en vieil ado abject ? Parfaits tous les deux. Mais la
surprise, c’est évidemment qu’Isabelle Huppert, constamment sur
scène durant les trois heures et des brindilles, puisse encore une
fois être complètement surprenante et archi inédite. Le texte,
surtout dans la partie de Wajdi Mouawad, paraît parfois évoquer la
performance de l’actrice elle-même. […] Ce serait alors
l’histoire d’une exceptionnelle actrice ayant joué tous les
rôles sauf celui de Phèdre de Racine.
[…]
Des vidéos simultanées sur le mur écran miniaturisent par
contraste les comédiens en chair et en os. Le regard nage dans les
gros plans, l’océan des visages. Glaise qui agglomère différents
matériaux textuels, le spectacle bouge à l’intérieur d’un même
cadre, d’une même lumière dorée, de murs en ruines [...]. Et
cependant, pas tout à fait. Les murs tiennent debout, se font
immense salle de bain-chambre à coucher d’un palace cinq étoiles
à la vétusté chic. [...] Ce mille-feuille temporel qui va
d’aujourd’hui au temps jadis, et ce tout en même temps, est
peut-être ce qui fascine le plus.
Ensuite,
le spectacle peut se faire plus narratif, accueillir dans ces murs un
bloc de verre où un Hippolyte destroy et arrogant s’affale et se
masturbe sous l’œil d’Anthony Perkins dans Psychose.
[…] Ce qui frappe, c’est la force de la part autobiographique que
Sarah Kane et Wajdi Mouawad projettent dans leur Phèdre.
On
croise Warlikowski à une poignée d’heures de la première. […]
Comment se sent-il en ce moment charnière ? «Horrible,
je me sens toujours horrible dans le moment précis où il faut se
séparer de cette chose si intime pour la partager avec les autres et
voir jusqu’à quel point il est possible de la comprendre ensemble.
On est toujours en sécurité pendant qu’on crée un monde. C’est
ensuite, lorsqu’on le lâche, le confronte à un public, que
l’angoisse vient. C’est pourquoi il faut rester dans la salle
chaque soir. Le public suggère plein de choses, d’autres
mouvements, selon les endroits où il se perd, où il se retrouve.»
A propos d’Isabelle Huppert : «On
peut tout lui demander. Il n’y a pas de limite de pensée, de
limite de corps ou de savoir-faire. Il y a ce goût du risque
d’entrer dans ce trip qui repose sur sa compréhension. Je crois à
100 % à la responsabilité de l’acteur vis-à-vis de ce qu’il
joue.»
On
croise Isabelle Huppert, dans cette dernière ligne droite. Qui est
Phèdre aujourd’hui ? «Sans doute
un peu chacune de nous, puisque Warlikowski ne l’imagine que
plurielle… Et ce que je me dis de plus en plus, c’est qu’au
théâtre, encore plus qu’au cinéma, la fiction importe peu. Ce
n’est pas cela qu’on joue ou qui se joue. Mais quelque chose de
beaucoup plus vaste. Tellement vaste, d’ailleurs, que plusieurs
visions peuvent en naître. Et ce sont toutes ces langues différentes
qui la racontent différemment et qui font surgir à chaque fois une
autre facette d’elle-même. Preuve que Phèdre, c’est un peu
comme Madame Bovary : plus une idée qu’une personne.»
[…]
Après la générale, Huppert livre un commentaire à chaud, dans un
texto nocturne : «C’est vraiment
incroyable la première fois qu’on joue devant un public. Comment
ce public devient partenaire du spectacle - le public devrait
s’appeler spectActeur à tel point il fabrique avec nous cette part
manquante -, comment il devient le quatrième pied d’une table qui
était bancale de n’en avoir que trois.»
-Télérama
Malgré une Isabelle Huppert radieuse, un “Phèdre(s)” incompréhensible et prétentieux
Qu'aurait
été, sans Isabelle Huppert, l'indigeste pièce montée de Krzysztof
Warlikowski ?
Très
attendu, le triptyque de Krzysztof Warlikowski autour de
l'antique héroïne se révèle vide et tape-à-l'œil. Un
bric-à-brac théâtral d'où surnage une magnifique comédienne.
[…]
Elle nous a baladés trois heures trente durant de gouffres en
abîmes, de désirs amoureux en désirs criminels, et elle conclut
simplement, face public, ce sourire énigmatique aux lèvres, presque
insolent : « Je vous remercie de votre attention. » Mais qui
donc est-elle pour ainsi donner chair à l'innommable de nos
pulsions, l'indicible de nos monstruosités, en faire son royaume et
revenir tranquillement nous narguer, figure extrême du paradoxe du
comédien : « Je vous remercie de votre attention. »
Isabelle
Huppert est un phénomène. La soixantaine passée
et paradoxalement de plus en plus juvénile en scène, le corps
adolescent — qu'elle n'hésite pas ici à exposer dans sa fragile
et étonnamment pudique nudité —, elle ne cesse d'approfondir son
art. De le complexifier, de le densifier, faisant de l'instant de jeu
un instant de précarité absolue où tout peut arriver. Rares sont
les comédiens qui mûrissent avec tant de génie, que le temps rend
meilleurs, plus fous et imprévisibles, plus légers et plus graves.
Michel
Piccoli, Michel
Bouquet sont de ceux-là. […] Huppert non.
Toujours même et toujours autre, celle qui répète à l'envie […]
qu'elle ne travaille jamais un rôle, ne se préoccupe que du
costume, se laisse juste emplir de vide, s'abandonnant au moment
présent du jeu, funambule et kamikaze.
[…]Longtemps
les dramaturges antiques et classiques se disputeront sur la
culpabilité de la trop amoureuse « fille de Minos et de Pasiphaé
».
[…]Pas
vraiment ce genre de dilemme chez Wajdi Mouawad, Sarah Kane et J. M.
Coetzee, le trio choisi par Warlikowski pour adapter le mythe, dans
ces espaces géants, grandioses, vides et finalement tape-à-l’œil
qu'il affectionne tant. Avec l'habituelle cage de verre mobile à la
droite de la scène, sorte de salle chirurgicale […] qui lui permet
d'autopsier ses personnages... Mais il en faudrait des examens, des
opérations pour réanimer ce dernier salmigondis verbal. Même
transcendé par Isabelle Huppert, qui passe comme une fleur de déesse
(Aphrodite) à putain, de reine à domestique, de tyran à
suppliante.
[…]C'est
peu dire que les enjeux du spectacle sont illisibles. Une mise à nu
du désir féminin et surtout des terreurs qu'il inspire aux deux
virils écrivains et au metteur en scène polonais ?
Dès que Sarah Kane s'y colle, c'est plus clair, plus terrible et plus juste. […] Le face-à-face entre Phèdre et Hippolyte (formidable Andrzej Chyra) est ainsi d'une éblouissante brutalité. Comme est éblouissante la scène de l'aveu de Phèdre, puisée chez Racine et collée in extremis, parce qu'Isabelle Huppert l'incarne avec crudité, comme possédée. Sont aussi collés en vrac extraits de films aux liens approximatifs avec le sujet, danse de strip-teaseuse affriolante (qu'est allée faire Rosalba Torrs Guerrero dans cette galère ?), chants arabes (Norah Krief en Œnone goualeuse est magnifique).
Dès que Sarah Kane s'y colle, c'est plus clair, plus terrible et plus juste. […] Le face-à-face entre Phèdre et Hippolyte (formidable Andrzej Chyra) est ainsi d'une éblouissante brutalité. Comme est éblouissante la scène de l'aveu de Phèdre, puisée chez Racine et collée in extremis, parce qu'Isabelle Huppert l'incarne avec crudité, comme possédée. Sont aussi collés en vrac extraits de films aux liens approximatifs avec le sujet, danse de strip-teaseuse affriolante (qu'est allée faire Rosalba Torrs Guerrero dans cette galère ?), chants arabes (Norah Krief en Œnone goualeuse est magnifique).
Mais
qu'est-ce donc que ce bric-à-brac impensé, ce bazar mal travaillé
? Warlikowski en fait-il trop sur nos scènes subventionnées ? Il ne
réfléchit plus assez. Mais aligne, accumule. Heureusement, Huppert
est là. Qui détourne sur elle toute l'attention, vampirise la
mauvaise création.
Synthèse
On
remarque que ces différentes critiques ont des points communs et des
différences.
Libération
a été emballé par les répétitions qu’il a vues tandis que Le
Figaro se montre beaucoup plus réservé. Le Monde considère la
pièce comme une réécriture mémorable tandis que Télérama
s’inquiète de l’avenir de nos scènes subventionnées.
Toutefois
toutes ces critiques s’accordent sur la performance des comédiens
et surtout d’Isabelle Huppert mais le rôle de la danseuse de
ventre est critiqué par certains tandis que la scénographie et la
décoration est applaudie, sa pertinence reste à débattre.
Cette
réécriture est un exemple parfait de la différence qu’il peut
exister entre diverses critiques mais que le monde artistique semble
toujours partager des canons communs.
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