Rencontre avec Héloïse d'Ormesson
C'est avec beaucoup de retard que je communique le compte rendu de la rencontre entre Héloïse d'Ormesson et la seconde 6. Ce texte m'a pourtant été remis par Mme Leloup leur professeur, au mois de juin. Je suis sans excuses !
Rencontre
de la classe de 2nde
6 du lycée Henri IV avec Héloïse d’Ormesson
Le
vendredi 10 juin 2011, Héloïse d’Ormesson a bien voulu nous faire
l’honneur et la joie de venir discuter avec nous du métier
d’éditeur. Nous avons tous été conquis par sa gentillesse, sa
générosité et sa grande sincérité. Elle a désiré nous
communiquer sa passion des livres ; elle a ainsi donné envie à
certains adolescents écrivains d’être édités. Une élève, à
la fin de l’entretien, lui a même remis avec émotion son
manuscrit.
Héloïse
d’Ormesson a commencé par présenter son propre parcours en
montrant que le choix de son métier fut pour elle une vocation
précoce. Fille de l’écrivain, Jean d’Ormesson, elle est en
quelque sorte née dans les livres. La maison où elle habitait
était tapissée de livres et, dès l’âge de deux à trois ans,
elle aimait transgresser les interdits en allant gambader dans le
bureau de son père où, sans même savoir lire, elle jouait avec
l’objet-livre en se disant : -« Plus tard, je
fabriquerai des livres ! ». Lorsqu’elle a commencé à
savoir lire, elle fut happée par la lecture de « Croc Blanc »
de Jack London et plus tard par les œuvres de Théophile Gautier
comme par les romans de Balzac. Elle lisait aussi des auteurs
étrangers dans leur langue d’origine car la traduction la gênait.
Elle appréciait particulièrement Kipling. À son adolescence, le
métier d’éditeur s’est présenté à elle avec encore plus de
force. Travailler avec des écrivains est une manière de sublimer
l’amour qu’elle voue à son père. Comme en France, aucune
formation, dans les années 1990, n’était proposée pour le métier
d’éditeur, Héloïse d’Ormesson décida de s’inscrire en
hypokhâgne, puis en khâgne, et en licence de lettres. Maintenant
les étudiants peuvent s’inscrire à l’Université de
Villetaneuse ou à celle de Saint-Cloud où on leur propose des
masters en édition mais rien ne remplace les expériences concrètes
pour connaître le métier d’éditeur.
Pour
éviter qu’on lui fasse le reproche de demander de l’aide à son
père afin d’entrer dans une maison d’édition française,
Héloïse est partie étudier aux États-Unis la littérature
comparée. Après la fin de ses études, elle a pu être embauchée
dans une très grande maison d’édition américaine, puis une autre
plus petite, spécialisée en littérature européenne. C’est en
multipliant ainsi les expériences qu’elle a véritablement appris
son métier, notamment le marketing, le contrôle de gestion, des
matières qui, en France, à cette époque, n’étaient pas à
l’honneur. Ce séjour aux États-Unis lui fut donc très précieux.
Dès son retour en France, elle travailla trois ans pour la
prestigieuse collection Bouquins où elle s’occupa des préfaces et
de tout l’appareil critique. Toutefois, elle avait besoin de
davantage communiquer ; elle choisit alors de travailler pour
l’édition étrangère de la maison Flammarion. Antoine Gallimard
lui proposa ensuite la place d’éditrice littéraire chez Denoël
où elle resta dix ans. Après quoi, elle décida de fonder sa propre
maison d’édition. Tout au début de la création de cette maison
d’édition, deux personnes travaillaient seulement avec elle ;
maintenant sept personnes sont occupées à plein temps. Vingt-cinq
livres sont publiés par an ; ils sont ensuite réédités et
traduits, pour certains, dans de nombreuses langues.
Le
métier d’éditeur revêt différentes palettes, bien sûr, on
pense immédiatement aux relations avec les écrivains ; il faut
aussi communiquer avec la presse, présenter des maquettes, des
premières de couvertures alléchantes et également vendre des
livres à l’étranger. Aux éditions Héloïse d’Ormesson, par
exemple, le livre de Tatiana de Rosnay « Elle s’appelait
Sarah » est traduit dans quarante langues ; il est vendu
dans le monde à plusieurs millions d’exemplaires. Cette écrivaine
rapporte beaucoup d’argent à sa maison d’édition. Lorsqu’on a
la chance d’être publié, on reçoit un à-valoir qui correspond
à 8-10 pour cent du prix du livre ; on ne touche pas la même
somme, si l’’on n’est pas connu.
Héloïse
reconnaît que ce n’est pas le métier d’écrivain qui puisse
véritablement faire vivre. Cela ne doit pas pour autant entamer
l’envie d’écrire et d’être publié. Avant de remettre un
manuscrit à une maison d’édition, mieux vaut consulter le
catalogue pour observer quels types de livres sont présents, ne pas
hésiter non plus à demander conseil aux libraires qui connaissent
des maisons d’édition. Une jeune fille d’une classe de Première
du Lycée Henri IV lui tend alors son manuscrit ; la rencontre
se termine sur un moment de très grande émotion. Tous, une
nouvelle fois, nous tenions à remercier chaleureusement Héloïse
d’Ormesson pour les moments forts qu’elle a fait vivre à des
adolescents, qu’ils veuillent devenir écrivains ou éditeurs.
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