Conférence sur Geneviève Anthonioz De Gaulle, entretien avec l'intervenant : Rémi De Gaulle

Entretien avec Rémi De Gaulle
 par Quentin Roques et Arthur Heitz 2°7

Introduction:
Vendredi 10 février, Monsieur Rémi de Gaulle est venu nous parler de Geneviève De Gaulle Anthonioz dont il est le neveu à la mode de Bretagne (son père et Geneviève étaient cousin germain), une résistante dont la grand-mère était la mère du Général de Gaulle. Elle habitait le quartier du Panthéon et avait reçu pendant sa vie la grand-croix de la légion d’honneur pour son rôle comme résistante et comme volontaire à ATD Quart Monde. Aurore et Emilie ont introduit son entretien avec les lectures respectives d’un article d’Aurore dans Le Canard blanc d’Henri IV et un extrait de La Traversée de la Nuit roman de Geneviève.
Geneviève:
Geneviève de Gaulle est vue par sa famille comme une dame fort sympathique, ouverte, de son temps, modeste mais dynamique et avec un caractère bien trempé et affirmé. Par exemple, à un colloque au Sénat, Maurice Druon, le secrétaire perpétuel de l’académie lui propose de devenir une Immortelle et racontant l’anecdote au père de Rémi présent à ce colloque, elle s’empresse d’ajouter «Mais bien sûr, j’ai dit non.» Cette histoire parmi tant d’autres nous montre l’humilité qu’elle avait et qui allait de paire avec son rôle dans ATD Quart Monde.
Lors de la panthéonisation de Geneviève, ses enfants furent tellement étonnés de cette demande de l’Etat qu’ils ont accepté à la seule condition, pensant respecter une volonté de Geneviève, que son mari y rentre aussi. Ce ne fut pas le cas et donc au Panthéon ne réside qu’une plaque commémorative à sa mémoire.
Geneviève est rentrée dans la résistance à vingt ans. Elle a ensuite été déportée à Ravensbrück. Libérée après avoir été enfermée, elle a ensuite peu parlé de sa vie dans le camp tout comme sa famille ne parlait peu de la résistance. Du peu de choses que l’on sait, les SS avaient pour habitude de pratiquer des expériences sur les jeunes femmes comme la stérilisation. En 1944, Geneviève est libérée. Elle a échappé pendant son séjour à ces pratiques, ce qui lui a permis de faire quatre enfants. Elle a eu une relation parfaite avec son mari. Ils s’étaient rencontrés après la guerre et ils travaillaient tous deux au ministère de la Culture. Parmi leurs quatre enfants, Michel Anthonioz fut directeur général de M6.
Les résistants:
Les générations qui ont vécu cette guerre ont été marquées à vie. Par exemple, le premier des trois fils de Rémi avait demandé à son père s’il pouvait interviewer un résistant dans le cadre du Concours National de la Résistance. Rémi met alors son fils en contact avec un ancien résistant membre du réseau de renseignement de la France libre. Celui-ci a été condamné à contumace en 1944 et cette même année, il est devenu chevalier de la légion d’honneur. Lors de l’entretien téléphonique, le résistant n’a pas le temps de répondre à une seule question qu’il fond en larmes et dit : « C’est trop dur, je ne peux pas parler de ça, c’est toute ma vie ». Ces générations ont en effet été bouleversées au point que le reste de leur vie est complètement éclipsé. Rémi a ensuite ajouté que l’on avait de la chance de ne pas connaître de conflits même si des conflits d’autre nature arrivent. Rien n’est comparable à ce qu’a vécu cette génération de résistants ayant entre 17 et 25 ans en général.
Sa famille:
Les arrières-grands parents de Rémi avaient cinq enfants qui dans l’ordre de naissance sont : Xavier, Marie-Agnès, Charles, Jacques et Pierre. Ils ont tous les cinq eu des histoires extraordinaires.
Xavier, le père de Geneviève a eu cinq enfants de deux femmes différentes. En effet, sa première femme étant décédée lors de la naissance de son troisième enfant , il s’est remarié et a eu deux autres enfants encore en vie. C’est du premier mariage qu’est née Geneviève. Pendant la guerre, Xavier s’est exilé à Genève où il fut nommé consul de la France libre puis consul de France après la guerre.
Marie-Agnès a eu avec son mari Alfred Cailliau sept enfants aujourd’hui tous disparus. L’un d’eux, Michel Caillot fut résistant et fonda le RPGD. Prisonnier en 1940 puis libéré quelques temps plus tard, il rentra clandestinement en France où il œuvra au retour de différents résistants. Avec Philippe de Gaulle, le fils du général, il ne fut pas nommé compagnon de la Libération car le général de Gaulle ne voulait pas être accusé de népotisme.
Le général de Gaulle a eu deux enfants, Elisabeth, qui épousa après la guerre un compagnon de la Libération, et l’amiral Philippe de Gaulle, toujours en vie qui a maintenant 94 ans.
Le grand-père de Rémi, Jacques de Gaulle a été paralysé à 33 ans et est mort à 53 ans. Il a pu avant sa paralysie donner la vie à quatre enfants. L’un d’eux, François de Gaulle est un père blanc qui évangélisa pendant 60 ans de sa vie les terres de Haute-Volta soit l’actuel Burkina Faso. Sur sa vie on notera qu’il publia J’ai vu se lever l’Eglise d’Afrique, a concélébré la messe d’enterrement du général de Gaulle et a béni celui-ci au sein même de l’Elysée. Jacques de Gaulle a vécu à Grenoble et quand la ville est annexée au même titre que la zone libre en 1943 le vicaire de la cathédrale de Grenoble, l’abbé Henri Groues, futur abbé Pierre, fait exfiltrer en Suisse Jacques et sa femme qui ont risqué de se faire arrêter par les nazis. Madame Jacques de Gaulle a fui en descendant par les escaliers au moment où les SS ont pris l’ascenseur pour les arrêter. L’identité de la personne ayant exfiltré la famille n’est découverte qu’en 1997. Lors d’une exposition temporaire organisée à Grenoble, on a appris qu’un certain Gilbert Weismann avait exfiltré sa femme ainsi que deux membres de la famille de Gaulle en les déguisant en deux infirmières de guerre transportant un paralysé et il a terminé son témoignage pour l’exposition en ces termes: «Je suis français, nous sommes des Français de confession juive, de tradition juive.» Cette phrase est très intéressante à citer dans le contexte actuel où il existe des crispations au niveau religieux.
Le dernier fils de Gaulle, Pierre fut président du conseil de Paris dans les années 1950. Il a cinq enfants dont quatre sont encore vivants.
Conclusion:
En conclusion, nous tenons à remercier Monsieur Rémi de Gaulle pour cette passionnante leçon sur la seconde guerre mondiale au cœur même de l’Histoire de France qui s’est écrite et continuera à s’écrire avec une multitude de petites histoires.

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